Dans l’article intitulé le stress en compétition, j’ai présenté un modèle qui insiste sur les incidences biologiques du stress. Ici, nous verrons de ce qui module cette réponse de l’organisme. Nous ne sommes pas égaux face à lui. Quelles sont nos possibilités d’action ? Comment travailler concrètement ?
Premièrement, nous reprendrons quelques éléments du syndrome général d’adaptation (SGA) défini par Sélyé (détaillé dans l’article précédent). Ensuite, nous adapterons ceci à la compétition sportive et verrons le premier des trois modulateurs de la réponse au stress. Enfin, je conclurai sur ce qu’apporte le travail avec un psychologue pour la gestion du stress.
Les trois phases du SGA :
Ce modèle a pour objet principal deux réponses (principalement) biologiques au stress :
- La réponse du système immunitaire
- La réponse du système endocrinien (hormonal)
Il a été montré que le stress positif (phase 1 ou 2), est un stimulant des systèmes immunitaire et hormonal. En revanche, lorsque l’on passe en phase de résistance, on observe des conséquences négatives. Le système immunitaire devient plus fragile et le système hormonal subit des dérèglements. Il existe un lien important entre ce dernier et la gestion des émotions en général.
En termes de compétition :
Sur le plan de la performance sportive : nous parlerons de « zone de confort », « zone de contrôle » et « zone de panique » :
- La zone de confort: on pratique sans contrainte, sans enjeu particulier (loisir) et donc sans véritable stress. Ce n’est pas une zone favorable à la performance. Pour cela, il faut passer en zone de contrôle.
- La zone de contrôle: on vise la performance en mobilisant ses ressources du mieux possible. Cette zone contient l’aspect motivateur et émulateur de la compétition. Au bout de celle-ci, se trouve « LA Zone » ou le flow : l’état de surpassement. Cette zone de contrôle est dépendante des modulateurs de la réponse au stress que nous détaillerons par la suite. Etre performant = Rester dans cette zone.
- La zone de panique : le stress prend le dessus, agit négativement sur le corps. Il entraîne chute du niveau sportif et perte de lucidité. A l’extrême, cela peut atteindre « l’aspect négatif de LA Zone ». Le sportif continue à réclamer des efforts importants à son corps dont les ressources sont proches de l’épuisement. Cela peut causer de graves blessures (phénomène de Burn-out).
Trois éléments sont les principaux modulateurs du stress :
- Les caractéristiques personnelles (cet article 1/3)
- La capacité à contrôler et prévoir le stress (article 2/3)
- L’entrainement/l’expérience (article 3/3)
Les caractéristiques personnelles : personnalité et fonctionnement de chacun :
La personnalité :
Un sportif qui considère « sérieusement » le stress et sa possible intensité aura tendance à avoir une réponse biologique plus faible. Il s’y sera préparé.
A l’inverse, un sportif qui considère que le stress lié à la compétition n’existe pas, aura une réponse plus forte que la normale. Imaginez quelqu’un caché derrière une porte. Si vous savez qu’il s’y trouve, même s’il veut vous surprendre, mais vous éprouverez peu de stress. En compétition le stress est là, soit on s’y adapte soit on le subit.
Prendre le stress à la légère est une attitude qui conduit souvent à se propulser en zone de panique involontairement. Le levier d’action est la compréhension de sa personnalité. Elle permet d’identifier les points sensibles. Ainsi nous pouvons renforcer nos forces et limiter nos faiblesses.
La personnalité est une construction comprenant des éléments personnels, une part d’éducation, d’environnement, des principes et valeurs, l’histoire et les expériences de chacun. Cette complexité demande une certaine qualification pour en saisir tous les ressorts et aboutissants. A l’heure actuelle, c’est probablement le psychologue qui la formation théorique et pratique la plus complète à ce sujet. (Ceci ne relève pas de la préparation mentale)
Le mode de fonctionnement personnel :
Le « mental » de chacun fait également que le stress n’est pas vécu de la même façon. Par exemple, un sportif au tempérament « guerrier » sera moins souvent l’objet du stress négatif. A l’inverse, un sportif « frileux » face à l’enjeu, subira plus de stress en compétition.
Il convient d’identifier les moyens que privilégie le sportif dans divers domaines comme la mémorisation, l’expression de ses émotions ou encore la gestion de l’enjeu. Pour illustrer :
- Certains mémorisent mieux par la sensation, d’autres par les images.
- Certains ont besoin d’être démonstratifs, d’autres se déconcentreront s’ils le sont.
- Certains, en connaissant tous les retentissements de leurs actes s’en trouveront motivés. Pour les autres, ce sera une pression supplémentaire qui les inhibera.
L’intérêt du travail avec un psychologue :
Le psychologue est un professionnel qualifié qui possède les connaissances indispensables à l’identification de votre mode de fonctionnement et de votre personnalité. Ceci est essentiel pour proposer un travail adapté à vos objectifs.
La gestion des émotions, l’expression des affects, la relaxation, la préparation mentale, l’entraînement mental, la fixation d’objectifs, l’évaluation sont des outils très différents. S’ils ne sont pas utilisés à bon escient, ils sont inefficaces au meilleur des cas, contre-productifs parfois. La relaxation bénéfique pour beaucoup, en rendra d’autres totalement incapable de se battre, et ce n’est pas toujours ceux que l’on pourrait croire au premier regard.
Le psychologue intervient donc de façon judicieuse dans l’accompagnement des sportifs amateurs et professionnels dans le cadre d’un bilan global permettant de gagner un temps précieux. Son intervention peut conduire à un travail plus approfondi en fonction de ses spécialités. Sinon, il orientera sur d’autres professionnels de la performance qui correspondront mieux à la recherche du sportif.
Bien entendu, des bilans sont proposés par d’autres professionnels. Cependant, ceux-ci sont rarement formés à la psychologie, aux types de personnalités, aux fonctionnements mentaux, ou encore à la façon de mener un entretien individuel. Hormis les psychologues et les médecins, ces professionnels ne sont pas soumis au secret professionnel. Ce dernier s’avère pourtant central dans de nombreuses situations. Mon propos concerne autant les compétiteurs amateurs que professionnels.