Le langage du corps et la préparation mentale

Pour bien des professionnels, le langage du corps serait une clé incontournable de la préparation mentale. Selon les approches, il peut même être  un outil central dans l’entrainement mental. « Signe signal », « routine », « habitude », « attitude », voilà quelques termes renvoyant au langage du corps en préparation mentale.

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Pour comprendre de quoi il s’agit :

Le langage du corps est supposé par certaines disciplines ces dernières décennies. Le corps pourrait exprimer des choses indépendamment de la pensée, qui ne seraient pas induites par elle mais directement de l’ordre d’une création propre à lui-même.

« Dis-moi quelle est ton attitude, je te dirai qui tu es !»

C’était en son temps, le crédo de la morphopsychologie pour qui la forme du corps était révélatrice de tout un tas de caractères et autres émotions. On trouve le même parallèle avec la phrénologie qui se basait, elle, sur la forme du crâne pour décrire avec précision la psychologie. En étudiant de près tout ceci avec l’arrivée des études scientifiques, des tendances ont pu être mises en évidence mais rien de véritablement significatif ou probant.

En préparation mentale, on admet communément que si on peut agir sur le corps en « pensant », la réciproque serait également vraie. A l’image de l’expression « il faut vouloir pour pouvoir », cela voudrait dire que si l’on adopte une attitude suffisamment longtemps, si l’on oblige son corps à « parler » d’une certaine façon, le cerveau va se mettre en état de performer.

Pour appuyer cela, des études statistiques ont mis en évidence des attitudes, des comportements récurrents chez la plupart des grands champions arrivant ainsi à la conclusion que si cela marche pour eux, cela marcherait pour n’importe qui.

Pratique, attrayant, quasi magique ! Fini les efforts pour aiguiser son mental, il suffirait pour être champion de se tenir droit, d’adopter un signe particulier pour s’encourager et de bomber le torse. Notre inconscient se retrouverait ainsi reprogrammé pour la performance. Exit la préparation mentale ! En trois séances j’apprends comment contrôler mon corps pour être performant mentalement.

Cela semble être du bon sens mais, vous l’aurez compris, il n’y a bien sûr aucun fondement avéré à ces techniques, autre que la conviction de celui qui l’applique. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de lien. En effet, il y a un réseau d’influences complexes, du mental vers le corps et du corps vers le mental.

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Pour les comprendre, on peut s’appuyer sur le yoga. Particulièrement sur les « asanas » : les postures. Dans cette méthode, on place volontairement le corps dans une certaine configuration avec des objectifs expérimentés depuis quelques centaines d’années.

Quand on pratique l’entretien du corps, ce n’est pas forcément une chose à laquelle nous prêtons attention, mais, dans la pratique :

L’objectif du yoga est double : l’entretien du corps + l’influence sur la pensée.

Les yogis s’intéressent ainsi à la maîtrise des pensées et émotions afin de permettre l’installation des états méditatifs de plus en plus régulièrement et de plus en plus durablement.

Et donc, que nous dirait le yoga du « langage du corps » ?

Il est impossible d’ignorer, qu’en effet, la posture, agit sur le corps, sur les émotions puis, sur la pensée. De façon quasi générale, c’est dans la durée que l’on va agir sur une composante puis sur la suivante et enfin la dernière. Par exemple, si on agit sur le corps pendant 5 min, on maintiendra la posture. On sera efficace sur l’émotionnel les 10 minutes suivantes et ensuite seulement, on interviendra de façon sensible sur le mental les 10 minutes suivantes.  Un temps de 25 minutes environ par pratique est un temps reconnu pour qui souhaite faire un travail de fond de manière classique.

 

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Comme le figure cette grappe de raisin, la transformation advient avec le temps qui passe.

Les grains arrivés à maturation représentent l’aboutissement d’un travail de longue haleine.

Les jaunes illustrent le travail sur le corps, les roses celui sur l’émotionnel (l’affectif) et enfin les noirs sont l’expression ultime du processus.

En compétition, on appelle cela : PERFORMANCE.

 

Nous entrevoyons donc que :

Prendre une attitude peut permettre de modifier des pensées ! Oui mais :

Que cette démarche permette une modification durable et bénéfique sur la performance sportive, considérant le maintien limité dans le temps, de chaque attitude, n’est pas une évidence. Par ailleurs, la vérification est facile : le niveau de concentration est-il meilleur ?

Concrètement, y-a-t-il moins d’erreurs « bêtes », de manques de lucidité et plus de performance dans les situations importantes ?

Ne jamais oublier de rendre les applications mesurables et concrètes quand on parle de mental.

Si j’aborde ce sujet aujourd’hui, c’est après avoir vu nombre de sportifs pensant « faire bien ». Je me souviens notamment d’une excellente joueuse de tennis française qui employait parfaitement plusieurs « signes-signaux » à la perfection et maîtrisait tout de son attitude. Pourtant, presque toutes ses défaites se finissaient en sanglot, et avec un pourcentage coups-gagnants/fautes directes, très modeste. Certains mettront ça sur le compte du trop-plein d’émotions d’une fin de match. Tout comme il est possible d’admettre qu’elle ne parvenait pas à diriger l’énergie de ses émotions vers son objectif de performance.

L’exemple d’une sportive professionnelle n’est pas un hasard. Il est directement lié à la difficulté de s’entraîner mentalement. En effet, notre mental est extrêmement complexe et ses interactions avec les émotions, avec le corps et donc avec la performance, sont bien souvent subtiles et forment un réseau dont il est difficile d’identifier -et de connaitre les tenants et aboutissants. C’est tout l’objet de l’entrainement mental !

En revanche, l’essence de l’attitude des plus grands champions tous sports confondus, prend sa source en un point central et incontestable dans leurs performances : un niveau de concentration hors norme en compétition comme à l’entraînement.

Amusez-vous donc à vous observer lorsque vous êtes concentré. Regardez alors comment se tient votre corps : avachi ou droit ? Vous sentez-vous conquérant ou effrayé ? Motivé ou ramollo ? Déterminé ou plein de doutes ?

Même si la réponse peut sembler évidente, essayez d’y faire attention pendant vos actions. Lorsque vous vous sentez très concentré, observez votre attitude corporelle !

 

Points clés

Ne pas confondre causes et conséquences.

Le niveau de concentration induit l’attitude positive chez le sportif et non l’inverse, même si des modifications légères laissent à penser le contraire.

Le défi du mental est de rester concentré longtemps puis d’augmenter l’intensité de ce focus.

La performance, comme l’attitude, est une conséquence logique du niveau de concentration qui s’exerce tout au long de la vie.

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