La confiance, une clé de la performance

Afin d’aborder ce thème, je me baserai tout d’abord sur quelques termes qui traitent chacun d’aspects différents de la « confiance ». Voyons ainsi trois points de vue, mieux décrits en anglais qu’en français. Je m’appuie sur les termes de « reliance », de « trust », et enfin de « confidence ». Cette terminologie existe également en vieux français… très vieux…

La « reliance » consiste à dépendre de quelqu’un ou de quelque chose, dans un domaine précis, et sur une base de « trust ».

« Trust » : c’est un sentiment. Celui qui rend sûr de l’autre ; on ne sait pas trop pourquoi mais on est sûr que l’autre nous aidera en cas de difficultés. On sait que l’on peut se fier à lui. C’est notamment ce sentiment qui doit s’installer entre un joueur et son coach. Bien entendu c’est au coach de veiller à ne pas instaurer « trop » de dépendance afin de préserver l’autonomie maximum du joueur.

Enfin, « confidence » : Là encore il s’agit d’un sentiment. Il correspond au fait de se sentir en sécurité quoiqu’il puisse se passer… « confiant ». C’est le sentiment de sécurité qui accompagne le sentiment de « trust ».

Bien Bien… arrêtons les définitions !

Ces nuances sont malgré tout capitales. En effet, ces trois termes composent la confiance en soi ou en les autres. Je m’attarderais dans cet article, sur les deux aspects qui me paraissent fondamentaux pour se créer une véritable confiance en les autres, en soi, en ses capacités : l’autonomie du joueur et le sentiment de sécurité.

1. L’autonomie du joueur : LA CLEF

 

J’ai parlé de « reliance », ce concept met en évidence des liens, des attachements. On fait toujours dépendre notre état intérieur, soit de quelqu’un soit de quelque chose… Certains joueurs ont besoin d’avoir leurs proches autour du terrain, ils se sentent ainsi EN SECURITE. Un autre préférera être le plus isolé possible lors de ses matchs importants. Ils ne gèrent pas le « lien » de la même manière.
On a encore l’exemple des sportifs superstitieux qui font dépendre leur réussite de leur tenue du jour également. Rationnel ou non n’est pas notre propos d’aujourd’hui. Le résultat est un fort sentiment d’insécurité si la tenue n’est pas « conforme ».
De nombreux compétiteurs fonctionnent de cette façon. C’est-à-dire qu’ils font dépendre d’autre chose, ou de quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes les conditions de leurs victoires ou défaites.
Naturellement, peut être avez-vous déjà repéré le problème posé par ce fonctionnement : l’instabilité.
Le joueur n’est ainsi jamais maître de son destin. Il ne maîtrise rien, n’est pas en contrôle…
Que se passe-t-il lorsque vous êtes sur la route et que vous rencontrez une plaque de verglas : vous avez peur, vous ne vous sentez pas en sécurité, vous êtes dans une situation périlleuse.
C’est la même chose pour la confiance. Plus un sportif fait dépendre la qualité de sa prestation de paramètre(s) EXTERIEUR(S) à lui-même moins il bénéficiera de confiance. Il entre inconsciemment dans une relation de dépendance dans laquelle il n’a finalement pas son mot à dire.
Aparté
A noter que mes propos ne sont pas à prendre « radicalement ». Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose car, parfois, au moins de façon provisoire ce type de relation notamment avec le coach s’installe, et à juste titre. Le coach, ou plus souvent avec les jeunes, le professeur est perçu comme le garant de la confiance qui a été placé en lui. En quelque sorte, le joueur se dégage des obstacles en les rabattant sur le coach ou la personne qui l’accompagne en compétition.
C’est une méthode pour se libérer de la pression. Mais Il faut rester vigilant à ce que ce soit quelque chose de conscient. La pression est trop élevée, j’utilise TEMPORAIREMENT et CONSCIEMMENT cette façon de faire. Ce n’est pas gênant.
Si j’utilise ceci de manière réflexe, alors les effets seront de me faire perdre tout contrôle, de penser que je ne peux jamais rien contrôler « sans béquille » et ainsi fera voler en éclat la confiance. Enfin si la confiance a déjà été installée. Sinon, le joueur ne jouera jamais ou presque jamais avec un sentiment de confiance avec les conséquences évidentes sur ces performances.
2. Le sentiment de sécurité
Intérieurement, la confiance se manifeste par un fort sentiment de sécurité. Quoiqu’il arrive rien ne peut nous déstabiliser. On sait qu’on donnera tout ce qu’il est possible de donner en dépit des circonstances extérieures. Cela ne signifie pas qu’un sportif confiant n’est pas confronté à des difficultés mais il les gère et les appréhende de façon parfaitement lucide et ne se laisse pas envahir par la crainte de « rater » ou se faire « marcher dessus » par son adversaire. Naturellement, cela fait de lui un bien plus redoutable compétiteur.
C’est le terme « confidence ». Ce sentiment peut être relié au « trust » et à la « reliance ». Généralement, on compose avec les trois. Cependant, pour installer une meilleure stabilité et une certaine constance avec ce sentiment, on privilégiera ce dernier aspect.
Il offre, en effet, la possibilité de refuser de faire dépendre ce sentiment de choses qui ne sont pas maîtrisables. Il s’agit de nous. Les autres sont importants mais ils sont là afin de montrer ce qui ne va pas pour que NOUS le changions. En suivant, cet état d’esprit, le sportif va développer une meilleure conscience de sa performance et de son niveau sportif. Il est donc l’acteur principal du film. Le coach est là, l’entourage aussi, les amis, les organisateurs etc… le sportif prend conscience de ce qu’il doit faire pour aller vers un meilleur niveau, et il le met en pratique consciemment. Progressivement, une petite confiance indépendante de tout contexte s’installe puis avec le temps, cette confiance grandit et devient de plus en plus difficile à ébranler…
Aucun champion n’a une confiance indéfectible d’entrée de carrière. Et ce sont des champions avec des capacités souvent exceptionnelles. Alors imaginer qu’on peut avoir confiance à niveau amateur de but en blanc, ou en quelques heures ou encore en se répétant quelques mots en tête est tout simplement illusoire.
Pour conclure, il existe des moyens simples, qu’on retrouve partout, comme positiver en toutes circonstances. On retrouve également des techniques souvent efficaces un temps du côté de la sophrologie ou du yoga par exemple. Mais soyons parfaitement clair, la confiance doit être travaillée, et, en permanence mise à l’épreuve. C’est ainsi qu’elle se crée puis se renforce de plus en plus. Ensuite, il peut arriver qu’elle aille de soi… naturellement. (C’est le but d’un entraînement mental). Ensuite seulement…
N’est-ce pas finalement ce que nous recherchons tous au travers de la pratique de la compétition… ce sentiment de sécurité où tout va bien, tout est simple…
Mathieu CHARON