• Que fait-on dans un entraînement mental ?

    Que fait-on dans un entraînement mental ?

    Où ?

    Comme pour tout apprentissage, il est intéressant de savoir comment fonctionne la mémoire. En effet, celle-ci est très sensible au « contexte », c’est-à-dire aux lieux et conditions dans lesquels l’apprentissage s’est déroulé. Par conséquent, si je veux améliorer mon mental au tennis, le meilleur endroit est le court de tennis… Pour un nageur, c’est la piscine, pour le footballeur, le terrain de foot.

    Ainsi, hormis travail particulier et ponctuel, un entraînement en salle s’avère assez peu « rentable ». J’entends par là, qu’il y a peu d’améliorations « objectives » ou mesurables. Au tennis, il suffit de faire le rapport entre les points marqués et les erreurs non-provoquées par l’adversaire… si, en moyenne, les erreurs ne diminuent pas c’est que l’entraînement est inefficace. Il convient donc de se poser les bonnes questions.

    Précisons par ailleurs, qu’il convient d’être prudent dans le domaine du mental. On peut travailler pour optimiser son efficacité OU pour se sentir « bien » en compétition, ET/OU les deux. Mais les pièges sont fréquents : j’ai souvent observé des joueurs qui se sentent formidablement bien en appliquant une technique mais qui n’ont pas la lucidité pour remarquer leur pourcentage énorme d’erreurs.

    Mon travail vise le bien-être évidemment, mais également l’efficacité grâce à une amélioration de la concentration entre autres. C’est pour cela qu’il peut parfois y avoir un temps durant lequel le sportif est déstabilisé par ce que je lui dis. Car, il joue mieux et pourtant ne se sent pas forcément bien au départ. Bien entendu, ce n’est qu’une question de persévérance. D’expérience, ces phases se produisent très souvent mais ne durent que peu de temps. Après tout, en s’y penchant un peu, nous touchons à des habitudes parfois ancrées depuis des années, il n’y a donc rien d’extraordinaire à être perturbé quelques temps. C’est l’évolution !

    Quand ?

     

    Tout dépend de ses objectifs personnels. La finalité d’un entraînement est de s’inscrire dans la durée. Le premier but est d’acquérir des connaissances sur le sujet : savoir comment je réagis en fonction des circonstances notamment. Apprendre la marche des pensées, des émotions etc…

    A cela s’ajoutent les techniques à expérimenter. Un entraînement occasionnel peut associer les deux ou travailler l’un et l’autre séparément. Dans un stage, les conditions sont différentes, on cumule toujours les deux. Ils comportent un programme plus dense qu’un entraînement classique et un bon nombre de techniques. Le but est de transmettre un bagage important qui devra être mis à l’épreuve ensuite.

    Le stage est aussi un bon format pour réviser efficacement quand on est déjà « habitués ».

     

    Comment ?

     

    On utilise des techniques diverses. Mais je dois bien affirmer que même s’il est capital de changer les approches régulièrement, il faut maintenir une bonne cohérence. Il convient de faire voir les choses sous une lumière différente, tout en restant méthodique et en gardant les objectifs en tête.

     

     

    Par exemple : il est bon de pratiquer régulièrement sur le court des techniques qui font appel à la concentration.

    OU : on travaille le relâchement musculaire… pour être capable de garder un bon niveau concentration.

    OU : on « visualise » pour améliorer son maintien d’attention, pour éviter trop de dispersion.

    Il s’agit ainsi, d’installer des méthodes, propres à chacun, pour rendre « l’état de performance » habituel pour le compétiteur. L’application de telle ou telle technique dépend de l’entraîneur, du coach et bien sûr de l’orientation donnée au travail. Ceci est convenu avant par dialogue avec les sportifs.

    BILAN

     

    Ø Le « mental » se travaille en situation ! Dans le lieu d’action de la compétition. Le travail en salle n’est pas à privilégier.(hors cas particuliers)

     

    o   Par exemple, la relaxation ou la sophrologie montrent de bien meilleurs résultats quand elles sont appliquées sur un terrain de sport.

     

    o   Il est intéressant de pratiquer le sport en question immédiatement après. Ceci favorise la mémorisation.

     

     

    Ø  Il est bien de mettre régulièrement à jour son programme, des objectifs fixés à l’avance en fonction de sa progression. (Sauf dans le cadre d’un stage où le programme est nécessairement plus rigide)

    Ø  Les techniques dépendent surtout de l’orientation à donner à son travail. Le « coach » est là pour proposer les techniques qui lui semblent les plus pertinentes pour le sportif.

    Ø A noter qu’un coach ne peut enseigner une technique sans l’avoir largement expérimentée lui-même. Ça va de soi…

    MATHIEU CHARON

  • Préparation ou entraînement mental ?

    Dans ce site, je privilégie le terme d’entraînement à celui de préparation. La préparation concerne un point précis, antérieur à une compétition sportive, quel que soit le sport. Il s’agit ainsi de se conditionner en vue d’un événement précis ponctuel comme un match ou plus étendu à l’instar d’un tournoi.

    Je distingue ici trois paramètres principaux dans la pratique sportive : la condition physique, l’aspect technique propre à chaque sport, et enfin « le mental ». Se contenter d’une préparation est positif, seulement il semble que l’on oublie un petit détail.

    1.       Pour la condition physique, nous travaillons pour renforcer le corps, le rendre endurant, résistant etc… C’est un travail de longue haleine surtout en début de carrière. Pour prendre l’exemple du tennis, une fois l’essentiel du travail effectué les joueurs baissent le rythme pour simplement agir sur des points spécifiques ou entretenir la condition acquise auparavant.

    2.       A présent, la technique sportive, c’est un apprentissage qui peut être amélioré tout au long de la vie, malgré que, pour une visée de haut ou très haut niveau, il soit essentiel d’avoir un bagage important dès le plus jeune âge. La condition physique, elle, finira tôt ou tard par baisser.

    3.       Venons-en au « mental », tout comme pour l’aspect technique on pourra mentalement progresser encore et encore. Cependant, sans technique on peut faire du sport. Certes on ne maîtrisera pas grand-chose. Même sans aller jusque-là, on peut observer de temps à autre des sportifs réaliser des performances intéressantes alors que leur niveau technique semble beaucoup plus faible que leurs adversaires. Le versant « mental » en revanche, doit être présent d’une manière ou d’une autre…

    Le mental ou les pensées… on ne peut pas faire sans… qu’on le veuille ou non, nous pensons. En rapport ou non avec le sport ou la compétition mais nous pensons encore et encore, inlassablement. Prenons l’exemple de la concentration, plus on va penser moins on sera concentré… logique : plus on a de pensées en tête plus on va s’encombrer la tête. Cependant, le sport est une pratique physique et non intellectuelle. Ainsi il est facilement observable que les moments les plus propices aux performances sont les moments où l’on ne pense plus qu’au strict minimum… Seul l’essentiel reste : l’instant présent, l’ici et maintenant, c’est-à-dire l’action.

    Cela nous permet de revenir à notre question de départ. La préparation me permet d’être prêt. C’est-à-dire que je ne fais que très peu de chose pour le temps de la compétition… puisque je suis prêt, je n’ai qu’à laisser faire : je suis passif.

    Dans ma vision du sport, il s’agit d’être au contraire parfaitement actif. Je dirais même le plus CONSCIENT possible de l’action en compétition mais également à l’entraînement. C’est pour cela que je préfère le terme d’entraînement mental, nous pensons tout le temps il faut apprendre à gérer les pensées tout le temps.

    Mathieu CHARON

  • Les émotions au secours de la motivation

     Voici un thème intéressant qui souvent peut déstabiliser l’entourage des sportifs autant que les organisateurs des compétitions. Parfois, ou souvent, des sportifs se mettent dans des états « étonnants » lors de leurs compétitions. L’énervement ou la colère dont le plus grand illustrateur est sans doute John Mac Enroe. D’autres donnent l’impression d’avoir plein de choses à faire comme André Agassi et sa marche particulière. Certains encore crient ou plutôt hurlent dans les situations à pression (ou non) comme Maria Sharapova ou Monica Seles, on a même des comportements perçus antisportifs tel Guillermo Coria.

    A noter, tout de même, qu’il s’agit d’une exception. La plupart des joueurs se mettant en colère de cette façon perdent pieds et leurs performances s’en retrouvent réduites à zéro. La gestion d’autant d’énergie nerveuse est loin d’être facile.

    Pour Agassi, c’était les petits pas. Il ne pouvait marcher tranquillement, il lui fallait, sans arrêt, être sur le qui-vive. On pouvait rarement observer les deux pieds au sol.

    Il avait besoin de cette sorte d’hyper-activité pour se sentir performant, et suffisamment investi pour se donner à fond. C’est sa « stratégie » à lui.

    Au vu de sa carrière, je pense qu’on peut dire que ça lui allait pas mal…

    Quant à Monica Seles et aujourd’hui Maria Sharapova, c’est dans le cri qu’elles exultent l’énergie en trop et se motivent pour atteindre des niveaux incroyables (tennistiquement et auditivement).

    Dans les moments « importants » l’intensité doit augmenter car chacune veut prendre le dessus sur son adversaire. Fréquemment, cela correspond à des cris… pour le moins… bruyants…

    Mais, quel que soit le jugement que l’on y porte, force est de constater que c’est efficace en ce qui les concerne.

     

     

    Ah… mon préféré personnellement ! Guillermo Coria, le joueur qui parvenait à se mettre tout un public à dos même sans le vouloir. Plusieurs fois à Roland Garros il fut accusé de simuler des crampes, d’avoir un comportement exécrable… et comme si ça ne suffisait pas, son jeu n’était pas tourné vers l’attaque mais son but était de faire craquer son adversaire. Il y arrivait souvent très bien d’ailleurs !

    Lui en effet a montré le meilleur de ce qu’il était à même de faire dans des situations souvent ambiguës vues de l’extérieure.

    Volontaire, personnellement je ne pense pas. C’était simplement sa façon d’être à 150 % dans l’expression de son tennis.

    Nous n’avons pas que des émotions présumées « négatives ». Cela fait partie des stratégies des sportifs et pas seulement au tennis mais d’autres utilisent aussi des qualités différentes.  Roger Federer qui joue pour le plaisir du beau jeu et des sensations. Une joueuse comme Mary Pierce qui irradiait son plaisir de jouer lors de ses performances à Roland Garros.

    Plus récemment, des joueurs comme  Jo-Wilfried Tsonga qui réclament fréquemment l’emballement du public au plus grand plaisir de celui-ci. Et pour moi le meilleur de ce domaine…de la légendaire bonne humeur de Gustavo Kuerten.

     

     

    Roger Federer qui semble mettre un point d’honneur à savourer chaque instant passé sur un court de tennis.

    Souvent il préfère même le beau geste à un geste peut être plus « efficace ». Parfois il semble se perdre un peu dans ses stratégies mais il garde toujours en tête le plaisir et la beauté du jeu.

    Un ambassadeur du tennis comme un spectacle. Mais sur un plan personnel, il est clair que le show permet à Jo-Wilfried Tsonga de se transcender dans les moments importants.

    C’est pourquoi c’est un joueur qui affectionne particulièrement des compétitions comme la Coupe Davis…

    Plus il ressent de soutien, plus ça le motive et le pousse à livrer le meilleur tennis dont il soit capable.

    Mary Pierce, encore une magnifique carrière, les phases où son tennis est monté jusqu’à gagner Roland Garros est particulièrement marquant. Pendant tout ce temps on a pu voir une joueuse à la recherche de plaisir, et qui cherchait à faire partager ce plaisir avec le public et son staff.

    Une battante hors-pair qui allie jeu d’attaque avec une joie débordante sur le terrain et dans les plus grandes compétitions.

    Je terminerai sur Guga ! Le brésilien Gustavo Kuerten, le meilleur exemple qui montre que bonne humeur et performance exceptionnelle peuvent aller ensemble. Trois fois Roland Garros en poche il n’y a pas si longtemps. Même en jouant il gardait le sourire… lorsqu’il le perdait, c’est son niveau de jeu qui en pâtissait le premier.  Donc bien entendu on peut être un très grand joueur avec autant de stratégie et d’états d’esprit qu’on puisse imaginer. Le tout est de les pousser à l’excellence. Chaque façon de faire a ses avantages et ses inconvénients. La colère vire vite à l’agitation, la recherche de plaisir fait parfois tomber dans l’inaction. Mais quoiqu’il en soit, ce n’est qu’une histoire d’apprendre à gérer ses émotions et savoir où l’on veut les conduire et se conduire…

    Mathieu CHARON